C. Le choix de l’investissement

C. Le choix de l’investissement - E-Collège de Paris

C. Le choix de l’investissement

Les projets d’investissements

L’entreprise doit se fixer une stratégie permettant de réaliser un système d’objectifs :

Croissance, rentabilité, autonomie, sécurité, flexibilité. La hiérarchisation de ces objectifs va l’amener à prendre des décisions d’investissement et de financement. Ces décisions engagent son indépendance financière et déterminent la rentabilité du capital investi de manière difficilement réversible.

La stratégie de l’entreprise consiste à prendre des décisions et donc à prendre des risques.

Pour le comptable, l’investissement est une immobilisation.

Pour l’économiste, l’investissement est une immobilisation productive.

Pour le financier, l’investissement est immobilisation de capital.

Pour ce dernier, l’investissement produit des revenus à long terme et doit, à ce titre, être financé par capitaux permanents (capitaux propres ou emprunt à long terme).

Les investissements sont de types très différents et traditionnellement classés de la manière suivante : 

Les actifs financiers

Les titres financiers confèrent à leur détenteur soit un droit de propriété sur l’entreprise émettrice (actions, parts sociales), soit un droit de créance (obligations, bon du Trésor…) :

But de détention à long terme = immobilisations financières

Actif IMMOBILISÉ

  • Obligations :

Quand l’Etat français (ou une grande entreprise) emprunte sur les marchés financiers. C’est sous forme d’Obligation (appelée emprunt obligatoire). Les investisseurs prêtant de l’argent à l’Etat français reçoivent en échange « un titre de créance » qui stipule le coupon (taux d’intérêt versé) qui sera versé chaque année par l’Etat à l’investisseur, et la date d’échéance de l’obligation.

Les sommes que l’investisseur va toucher sont donc connues à l’avance. Ces adjudications sont réalisées par l’Agence France Trésor.

  • Actions :

L’action est un titre de participation. C’est l’achat d’une part du capital d’une société de capitaux.

Ils permettent, +10% d’exercer une influence ou un contrôle sur l’entreprise émettrice. Le propriétaire de l’action s’appelle l’actionnaire.

But de détention à court terme = VMP (Valeurs Mobilières de Placement)

L’échéance de cession est brève. En cas de surplus de trésorerie ou but spéculatif.

Ex : Actions, Obligations, Bons du trésor… L’acquisition de ces titres est motivée par l’espoir d’un gain rapide.

Les actifs industriels

Ils peuvent être classés en fonction de l’objectif qu’ils concrétisent, celui-ci étant lié à la stratégie globale de l’entreprise. En effet, la décision de mise à disposition d’un nouveau matériel ne se prend pas en fonction des mêmes critères selon qu’il s’agit d’investissements :

  • De maintien (remplacement ou renouvellement) qui n’ont pas de répercussion sur l’activité : il s’agit par exemple de machines acquises pour remplacer du matériel usé (le matériel acquis est identique ou presque au matériel précédent).

Exemple : remplacement d’un photocopieur par un autre présentant les mêmes caractéristiques.

  • De modernisation ou de productivité, correspondant à un objectif d’augmentation du volume de la productivité et une baisse des coûts unitaires de production ; ils permettent de moderniser, d’améliorer la productivité. L’entreprise acquiert du matériel à commandes numériques en remplacement de machines uniquement mécaniques.
  • D’expansions, qui résultent des grands choix stratégiques de l’entreprise. Ils permettent le développement de l’entreprise.
  1. Investissement en recherche et développement.
  2. Intégrations verticales ou horizontales.
  3. Acquisitions de société.
  4. Prises de participation dans de nouveaux secteurs.
  5. Implantation de filiales à l’étranger.
Les actifs réels humains et sociaux

Décisions sur critères autres que ceux de rentabilité :

  • Amélioration des conditions de travail. 
  • Antipollution.
  • Ecologie, énergétique.
  • Amélioration de l’image de l’entreprise.
Les amortissements

A/ Définition

Les immobilisations perdent de leur valeur régulièrement ; tel est le cas des constructions, du matériel, de l’outillage, du mobilier, du parc informatique, des voitures de livraison…

Les causes des dépréciations sont :

  • L’usage.
  • La vétusté.
  • L’évolution technologique.

Les dépréciations constatées ne constituent pas des décaissements pour l’entreprise, mais de véritables charges internes qui sont calculées et enregistrées périodiquement en comptabilité afin que celle-ci donne une image fidèle de la situation de l’entreprise.

Ces charges sont appelées des amortissements.

L’objectif de l’amortissement est double :

  • Constater la diminution de la valeur des éléments d’actifs se dépréciant en répartissant la perte de valeur sur leur durée de vie probable.
  • Préparer le renouvellement des biens acquis par l’affectation d’une partie des bénéfices à la reconstitution du capital. En effet, aucune sortie de fonds ne résulte du constat de cette charge interne.

B/ Terminologie

Valeur d’origine  

Coût d’acquisition hors TVA de l’immobilisation.

 

Durée probable de vie

 

La durée probable de vie de l’immobilisation est fixée par le chef d’entreprise en conformité avec l’expérience et les usages de la profession ; elle tient compte du degré d’utilisation des éléments à amortir (usure), des conditions d’utilisation (usage) et des évolutions technologiques qui peuvent rendre prématurément caduques certaines immobilisations.
Taux d’amortissement

 

 

Le taux d’amortissement dépend de la durée probable de vie ; il est égal au quotient du nombre 100 sur la durée de vie probable de l’immobilisation exprimée le plus souvent en années.
Quelques taux usuels (& durée de vie) :
·      Immeubles commerciaux

·      Immeubles industriels

·      Matériel industriel

·      Mobilier de bureau

·      Véhicule de tourisme

·      Véhicules utilitaires

20 à 50 ans

15 à 20 ans

5 à 10 ans

10 ans

5 ans

4 ans

 2% à 5%

5% à 6,67%

10% à 20%

10%

20%

25%

Date de mise en service

 

La date de mise en service est la date à partir de laquelle le bien est effectivement utilisé.
Valeur comptable nette

 

La valeur comptable nette est constituée par la différence entre la valeur d’origine d’une immobilisation et le montant des amortissements pratiqués depuis l’acquisition.

 

Il existe principalement 2 méthodes de calcul de l’amortissement :

  • L’amortissement linéaire.
  • L’amortissement dégressif.
Le calcul de l’Amortissement Linéaire

L’amortissement linéaire (ou constant) consiste à répartir de manière égale les dépréciations sur la durée probable de vie du bien. Il constitue, sur le plan fiscal, le mode normal des amortissements.

Méthode de calcul de l’AMT linéaire

  • Le taux d’amortissement est constant.
  • La base de calcul de l’amortissement est constante : elle correspond au coût d’acquisition hors taxe de l’immobilisation.
  • L’amortissement court à compter de la date de mise en service du bien.
  • L’annuité d’amortissement est constante à l’exception de la première et de la dernière annuité réduite au « prorata temporis » selon la date de mise en service. La période d’amortissement s’étendant de la date de mise en service à la date de clôture de l’exercice est décomptée en jours (mois comptable = 30 jours et année comptable = 360 jours).

Formule de calcul de l’AMT :

Application :

L’entreprise Taxis Colis a acquis le 17 juin 2019 un Véhicule utilitaire Peugeot pour un prix hors taxe de 18 000 € HT.

Le véhicule a été mis en service le 20 juin 2019. L’entreprise décide d’amortir sur une durée de quatre ans le matériel, selon le mode linéaire.

Le taux est de 100 / 4 = 25%

Le tableau d’amortissement correspondant est le suivant :

 

 

Années

Valeur comptable nette en début d’exercice  

Annuités de l’exercice

 

Amortissements cumulés

Valeur comptable nette en fin d’exercice
31/12/2019

31/12/2020

31/12/2021

31/12/2022

31/12/2023

18 000

15 625

11 125

6 625

2 125

2 375

4 500

4 500

4 500

2 125

2 375

6 875

11 375

15 875

18 000

15 625

11 125

6 625

2 125

0

Le plan d’amortissement est réparti sur cinq exercices comptables : 190 jours en 2019, 3 années complètes en 2020, 2021 et 2022, 360 – 190 = 170 jours en 2023.

Eléments de calcul pour 2020 :

  • Valeur comptable début 2020 = Valeur comptable fin 2019.
  • Annuité de 2020 = 18 000 x 25% x 360/360 = 4500.
  • Valeur comptable fin 2020 = 15 625 – 4500 = 11 125.

Calcul de l’annuité d’AMT pour 2019 :

  • 18 000 x 25% x 190/360 = 2375

Calcul de l’annuité d’AMT pour 2023 :

18 000 x 25% x 170/360 = 2125

Calcul de l’amortissement dégressif

L’amortissement dégressif est une possibilité accordée par l’administration fiscale, permettant d’amortir plus vite les biens en début de vie, par application d’un coefficient multiplicateur au taux linéaire :

Durée normale d’utilisation Coefficient
3 ou 4 ans 1,25
5 ou 6 ans 1,75
+ de 6 ans 2,25

Méthode de calcul de l’AMT dégressif

  • On applique un taux constant à la valeur nette comptable (celle-ci correspond à la valeur d’origine pour le calcul de la première annuité). Ce taux est calculé selon :

Taux dégressif = Taux linéaire x coefficient

  • Le calcul dégressif est abandonné lorsqu’à la clôture d’un exercice l’annuité dégressive d’amortissement calculée par application du taux dégressif devient inférieure au rapport de la valeur nette comptable en début d’exercice par le nombre d’années restant à courir en début d’exercice. L’entreprise passe alors en annuité linéaire. Ainsi pour un bien amortissable en 5 ans, même si la première annuité est calculée sur 5 mois, il n’y aura que 4 autres annuités ; le bien est donc amorti sur 4 ans et 5 mois.
  • L’amortissement dégressif se calcule à compter du premier jour du mois d’acquisition de l’immobilisation.
  • La règle « prorata temporis » est appliquée pour le calcul de la première annuité, le temps couru depuis le premier jour du mois d’acquisition étant apprécié en mois.

AMT deg = Valeur résiduelle x taux constant x (nombre de mois / 12)

Application :

L’entreprise Zurich a acquis le 15 septembre 2019, un matériel industriel producteur de vapeur pour un montant de 180 000€ TTC à 150 000€ HT.

Le matériel a été mis en service le 5 octobre 2019 par les techniciens. Il est décidé d’amortir le matériel, selon le système dégressif, en huit années.

Le tableau d’AMT est :

 

 

Années

Valeur comptable nette en début d’exercice  

Annuités de l’exercice

 

Amortissements cumulés

Valeur comptable nette en fin d’exercice
31/12/2019

31/12/2020

31/12/2021

31/12/2022

31/12/2023

150 000

135 938

97 705

70 226

50 475

14 063

38 232

27 480

19 751

14 196

14 063

52 295

79 774

99 525

113 721

135 938

97 705

70 226

50 475

36 279

 

Linéaire

31/12/2024

31/12/2025

31/12/2026

36 279

24 186

12 093

12 093

12 093

12 093

125 814

137 907

150 000

24 186

12 093

0

L’amortissement est calculé sur 8 exercices comptables, alors que la durée effective d’amortissement est de 7 ans 3 mois et demi.

Remarque pour 2024 / 2025 /2026 :

  • La valeur résiduelle divisée par le nombre d’annuités restant à appliquer est supérieure à l’amortissement dégressif normalement calculé, on prend pour les dernières annuités, la valeur résiduelle divisée par le nombre d’annuités restantes, soit pour 2024 : 1/3, d’où un AMT = 36279 x 1/3 = 12093.
  • Autrement dit : lorsque le rapport (1/ nombre d’annuités restantes) est supérieur au taux dégressif, on applique ce rapport pour calculer les dernières annuités.

Certains investissements ne s’amortissent pas, tels que le droit au bail, le fonds commercial, les terrains, les œuvres d’art et les immobilisations financières.

Le calcul de l’amortissement s’opère sur le coût d’acquisition de l’immobilisation.

Prix d’achat (>500€) + Charges d’installation + frais de livraison – RRR commerciale – les escomptes = Net financier HT

Exception pour les véhicules de tourisme, qui s’enregistreront TTC

 

 

Calcul linéaire

·      L’amortissement se calcule au 1er jour de la mise en service.

·      Les annuités sont constantes sur tous les exercices de la durée de l’amortissement de l’investissement.

 

 

Calcul dégressif

·      L’amortissement se calcule au 1er jour du mois d’acquisition.

·      Uniquement sur des biens neufs et amortissables sur +3ans.

·      Pas sur les véhicules de tourisme.

·      La dépréciation est plus rapide sur les 1ères années d’utilisation (donc plus de charges).

·      Application d’un coefficient.

Choix de l’investissement

La procédure d’étude d’un investissement emprunte ces deux étapes :

Détermination du coût de l’investissement

Le montant d’un investissement s’entend de son coût d’acquisition HT, comprenant :

  • La dépense d’investissement principale : achat du terrain, des bâtiments, des machines, du matériel, etc. (remises et escomptes déduits = net financier).
  • Les frais d’accessoires tels que les frais de notaire pour l’immobilier, les frais de transport, de montage ou d’installation du matériel, de mise en service…
  • Les dépenses induites qui interviennent antérieurement à la phase de démarrage de l’investissement, telles que les frais d’études, la formation du personnel, l’acquisition de brevets et licences dans la mesure où elles ne constituent pas des charges régulières et sont directement liées à l’investissement.
  • Les besoins supplémentaires en fonds de roulement, souvent importants pour les investissements d’expansion, dans la mesure où une augmentation de l’activité entraînera une augmentation du BFR.

Le coût d’acquisition peut toutefois être réduit par :

  • Le prix de cession éventuel de matériels devenus inutiles ou remplacés, après correction de l’imposition fiscale des plus ou moins-values.
  • Les subventions à recevoir, éventuellement liées à l’investissement, seront traitées comme le prix de cession du matériel.

Prévision des cash-flows d’exploitation

Le cash-flow d’exploitation (flux net de liquidité d’exploitation) correspond à la différence entre les recettes provenant de la vente des produits fabriqués grâce au projet d’investissement et les dépenses entraînées par cette fabrication.

Attention : les dépenses d’exploitation excluent les charges financières en raison de la séparation de la décision d’investissement et de la décision de financement. On évalue ainsi la rentabilité d’un projet avant de la comparer au coût de financement.

Enfin, les dépenses d’exploitation ne comprennent pas la dotation aux amortissements puisque l’amortissement n’entraîne aucune sortie de liquidités.

Les cash-flows d’exploitation sont calculés pour la durée de vie économique, période pendant laquelle l’entreprise souhaite exploiter le projet.

Le cash-flows d’un projet correspond au solde de liquidité courant du projet (ETE : Excédent de Trésorerie d’exploitation) pour lequel on ne tient pas compte des décalages de paiement. En effet, le résultat d’exploitation est la différence entre les produits d’exploitation et les charges d’exploitation.

Pour calculer les cash-flows, il faut donc procéder à diverses corrections :

Calculer et enlever l’impôt théorique sur le résultat d’exploitation en tenant compte des dotations aux amortissements qui sont des charges déductibles.

Rajouter le montant des dotations au résultat net d’exploitation car il n’occasionne aucun décaissement.

Tenir compte de la variation du BFR.

Ce qui donne la démarche suivante :

Produits d’exploitation

– Charges d’exploitation.

– Dotation aux amortissements.

= Résultat d’exploitation avant impôts

–  Impôts sur le résultat d’exploitation

= Résultat net d’exploitation

+ Dotation aux amortissement

– Variation du besoin en fonds de roulement.

= Cash-flow d’exploitation

Les critères d’appréciation pour le choix d’investissement

Les flux Nets de trésorerie

Pour juger de l’intérêt d’un projet d’investissement, il faut calculer les flux de trésorerie potentiels qu’il peut apporter. Les critères de jugement sont liés soit à la rentabilité du projet, soit au risque qu’il fait courir à la société, soit aux deux à la fois sous forme d’arbitrage.

On compte 5 critères d’appréciation usuels à déterminer pour chaque investissement :

1.1. La Valeur Nette (VN)

Pour le financier, un investissement est un échéancier de flux de fonds. La valeur nette exprime la somme arithmétique de ces flux.

Encaissements (revenus générés) – décaissements (dont prix d’achat)

Exemple :

Une machine d’une valeur de 250 000 € va rapporter 70 000 € par an pendant cinq ans. L’échéancier des flux de fonds se présente comme suit :

N N+1 N+2 N+3 N+4 N+5
-250 +70 +70 +70 +70 +70

La valeur Nette correspond à la somme des flux, soit 100 : (-250+350)

1.2. La Valeur Actuelle Nette (VAN)

Un euro aujourd’hui vaut plus qu’un euro demain, dû notamment à l’inflation, à l’érosion monétaire, le coût du risque, à la baisse du pouvoir d’achat…

La définition de l’actualisation

L’actualisation est la technique financière qui permet de comparer aujourd’hui des flux de trésorerie qui ne se produisent pas à la même date dans le temps. Les méthodes d’actualisation doivent prendre en considération deux facteurs déterminants : la valeur temps de l’argent et l’aversion du risque.

  • Le coût du temps : il traduit le fait qu’un euro d’aujourd’hui a une valeur supérieure à un euro de demain. Le coût du temps est représenté par la courbe des taux dits « sans risque », les rendements des emprunts d’État sont considérés comme de bonnes approximations des taux sans risque.
  • Le coût du risque : il traduit la réalité qu’un euro certain vaut plus qu’un euro espéré mais qui comporte une part d’incertitude. En finance, le coût du risque est matérialisé par la « prime de risque » qui s’ajoute au taux sans risque pour constituer le rendement attendu d’un actif risqué.

En définitif, le taux d’actualisation = taux sans risque + prime de risque

La VAN est donc la somme actualisée de tous les bénéfices réalisés sur une période grâce à l’investissement initial – l’investissement initial.

Pour qu’un projet soit rentable, il est donc nécessaire que la VAN soit supérieur à 0.

C’est-à-dire que les revenus actualisés générés par le projet soient supérieurs au coût (investissement) de ce projet.

Le calcul correspond également à la somme des flux, mais les flux futurs sont ramenés à leur valeur actuelle en leur appliquant un taux d’actualisation :

V(1+t)^-n

V = Valeur   t = Taux   n = Année

L’actualisation consiste à déterminer la Valeur Actuelle (c’est-à-dire aujourd’hui) de flux d’argent qui se produiront dans le futur.

Le taux d’actualisation est mathématiquement compris entre 0 et l’infini. Lorsque le taux vaut 0, la VAN se confond avec la VN car les flux restent identiques.

L’entreprise choisit un taux minimal de rentabilité en dessous duquel elle considère qu’elle n’a pas d’intérêt à investir ses capitaux.
À partir d’un taux d’actualisation donné, l’entreprise peut prendre la décision d’investir ou pas.

Le choix du Taux d’actualisation est fonction de plusieurs facteurs, parmi eux :

Le taux du marché financier, le risque lié au projet, le temps (dépréciation des K), nature de l’activité, etc.

En reprenant l’exemple précédent (VN), si le taux d’actualisation choisi est de 10%, on obtient :

0 1 2 3 4 5
70(1+0.10)^-1 70(1+0.10)^-2 70(1+0.10)^-3 70(1+0.10)^-4 70(1+0.10)^-5
Actualisation =63.64 =57.85 =52.59 =47.81 =43.46
Cumul

-250

-186.36 -128.51 -75.92 -28.11 +15.36

VN = 100

VAN = 15.36 (à 10%)

La nouvelle somme actualisée vaut maintenant 15,36. (-250+265,34)

On dit que la VAN à 10% = 15,36

Un projet dont la VAN est négative doit impérativement être rejeté. Un des critères de choix entre deux projets est la VAN la plus élevée.

1.3. L’indice de Profitabilité (IP)

Cet indice se traduit par le rapport :

[(Coût d’investissement + VAN)/Coût de l’investissement]X100

Il est utilisé essentiellement pour départager plusieurs projets d’investissements dont le coût d’achat est différent. Pour notre projet, l’indice de profitabilité est de :

(250+15.36) / 250 X 100 = 106.14

Comparons ce projet avec un autre investissement d’un coût de 300 dont la VAN serait de 16,5 :

(300 + 16,5) / 300 X 100 = 105.5

Un indice de profitabilité de 106.44 signifie que, pour chaque euro investi, la valeur actuelle nette dégagée est de 0.06€.
C’est le niveau de résultat généré pour un volume d’activité.

L’indice de profitabilité est donc une mesure immédiate de la création de valeur actuelle nette.

On doit sélectionner le projet avec l’indice le plus fort, ce qui pénalise les investissements les plus coûteux.

1.4. Le délai de récupération (DR ou pay-back)

Le délai de récupération correspond à l’instant dans l’échéancier où l’entreprise récupère sa mise initiale. Il s’agit donc d’un critère de sécurité et non de rentabilité : plus un projet est récupéré rapidement, moins il est risqué.

Pour trouver l’instant précis, on utilisera la base des cash-flows actualisés cumulés.

En reprenant l’exemple ci-dessus, on retrouve les flux cumulés suivants :

0 1 2 3 4 5
70(1+0.10)^-1 70(1+0.10)^-2 70(1+0.10)^-3 70(1+0.10)^-4 70(1+0.10)^-5
Actualisation =63.64 =57.85 =52.59 =47.81 =43.46
Cumul

-250

-186.36 -128.51 -75.92 -28.11 +15.36

On en déduit que l’investissement initial sera récupéré entre la quatrième et la cinquième année, lorsque les flux cumulés seront de 0.

(28,11/43,46) X 12 (mois) = 7.76 soit 7 mois et 23 jours à 0.76 X 30 = 22.8 soit 23 jours.

1.5. Le taux interne de rentabilité (TIR)

Le TIR est défini comme le taux qui annule la valeur actuelle Nette de l’investissement. Le TIR est le taux identifié lorsque la VAN est négative.

Autrement dit, c’est le taux qui rend égaux le montant de l’investissement et les cash-flows induits par le même investissement.

Sans l’aide technique (la plupart des tableurs ont un programme dans la fonction financière appropriée) on ne peut trouver le TIR qu’en calculant plusieurs VAN. Dans notre cas, la VAN à 10% est de 15,36.

  • Les critères de décision

Pour choisir un projet, il faut comparer les différents critères d’appréciation. Le choix aboutira en fonction des positionnements stratégiques et financiers de l’entreprise.

Rentabilité = C’est développer la valeur des capitaux investis pour un montant de ressources engagé (rendement d’un investissement).

Profitabilité = C’est générer un niveau de résultat pour un volume d’activité (création de valeur).

Investir : modes de financements et leurs coûts

Les choix des sources de financements

Le dirigeant d’entreprise ayant désormais fait le choix de son investissement, il doit choisir un mode de financement. Avant d’engager ses ressources propres, l’entreprise doit en effet examiner toutes les solutions possibles pour financer son besoin de financement : autofinancement, recours à l’emprunt, leasing, aides publiques (pour la R&D), augmentation de capital ou financement par prélèvement sur fonds propres. Ces sources de financements peuvent être combinées.

L’effet de levier financier a pour résultat d’améliorer la rentabilité financière de l’entreprise.

La décision de financement :

L’étude du financement doit intervenir :

  • Avant l’étude de rentabilité économique pour vérifier que la structure du bilan permet d’envisager une demande de crédit ou un appel de fonds aux actionnaires.
  • Après l’étude de rentabilité pour le choix du financement le mieux adapté et le moins coûteux pour l’entreprise : capitaux propres, emprunts auprès d’établissement de crédit ou recours au crédit-bail.

Il est nécessaire de dissocier les caractéristiques d’un investissement d’une part, et la politique financière d’autre part.

Les moyens de financement

Pour financer les investissements (actif stable), l’entreprise a recours aux capitaux permanents (passif stable), soit en financement interne, soit en financement externe.

Financement interne

Il s’agit de l’autofinancement correspondant au résultat non distribué.

  • L’autofinancement :

L’entreprise doit adapter le montant des dividendes mis en distribution au volume des investissements et aux flux de trésorerie provenant de l’exploitation sur la période. Mais le montant de l’autofinancement dépend également de la politique des amortissements, des dépréciations et des provisions mis en place par l’entreprise : ce sont des charges qui viennent en diminution du résultat et donc d’une rétention de bénéfices en interne.

L’autofinancement est le financement des investissements par des moyens internes à l’entreprise. Cela présente l’avantage de l’immédiateté des fonds mais peut se révéler très dangereux sur les équilibres en ponctionnant tout ou partie des liquidités assurant le fond de roulement de l’entreprise.

Financement externe

Les fonds proviennent alors de l’extérieur, soit par augmentation de capital, par endettement à moyen ou long terme ou par crédit-bail.

  • L’augmentation de capital :

L’entreprise peut faire appel à ses actionnaires pour se désendetter ou pour financer un programme d’investissements importants. L’augmentation de capital peut s’effectuer par apport en numéraire (émission d’actions nouvelles) ou par apport en nature (ce qui permet d’obtenir des investissements sans les payer).

L’augmentation de capital « en numéraire »

Il s’agit d’augmenter les capitaux propres de l’entreprise en faisant souscrire de nouvelles parts (SARL) ou actions (SA). Il est demandé aux actionnaires de mettre la main à la poche pour financer les investissements et/ou à de nouveaux actionnaires d’entrer dans le capital de l’entreprise.

Cette méthode a l’avantage de renforcer la solvabilité de l’entreprise, laquelle de toute façon ne peut dépasser un certain montant de recours à l’emprunt sans perdre la confiance de ses banques et fournisseurs. Cela dit, cette opération est assez souvent mal vue par les actionnaires, car l’émission de nouvelles actions va « diluer » la valeur de leurs actions actuelles.

Cette méthode n’est donc utilisable que si les actionnaires acceptent de remettre de l’argent dans la société.

L’endettement :

Peut financer un programme d’investissements important sans faire appel aux capitaux propres et en bénéficiant de l’effet de levier lorsque le taux de rentabilité économique est supérieur au taux d’intérêt net d’impôt de la dette. L’endettement peut s’effectuer auprès des établissements de crédit (emprunt) ou auprès du marché financier sous forme d’emprunt obligataire*.

*Emprunt de montant très élevé souvent réalisé auprès d’un grand nombre de préteurs. L’organisme emprunteur (l’Etat, collectivités publiques ou entreprise) émet des obligations, de même valeur nominale, valeur de base utilisée pour le calcul de l’intérêt dû.

Le recours à l’emprunt

La durée de l’emprunt doit être en accord avec la durée d’amortissement du bien acheté (en général l’emprunt est un peu plus court que celle-ci).

Le crédit-bail :

L’entreprise loue le bien et réduit le financement initial à sortir. À l’échéance du contrat, l’utilisateur peut devenir propriétaire du bien moyennant le versement d’une option d’achat. Le coût d’un crédit-bail est toujours supérieur à celui d’un emprunt bancaire.

L’entreprise doit faire appel à ce mode de financement lorsque l’endettement bancaire est refusé (manque de garanties, …).

Remarques pour le calcul du coût du crédit-bail :

  • Les loyers sont payés en début de période. L’économie d’IS sur loyers est à positionner l’année suivante.
  • Si on prend le bien en crédit-bail, le bien n’est pas acheté et ne peut donc pas être amorti. L’entreprise perd l’économie d’IS sur la dotation aux amortissements. Cette perte est à prendre en compte dans le calcul du coût du crédit-bail.
  • Quand l’entreprise exerce son option d’achat, elle enregistre une immobilisation qu’elle peut amortir sur les exercices suivants. En terme de flux, l’option d’achat est un décaissement et l’entreprise peut bénéficier d’une économie d’IS sur la dotation aux amortissements.
  • Le versement d’un dépôt de garantie n’engendre pas d’économie d’IS. C’est de l’argent immobilisé momentanément (immobilisation financière).
Le coût des financements

L’analyste financier se doit de trouver les financements les moins coûteux pour l’entreprise.

Le calcul du coût du financement est classique pour les emprunts bancaires, il est plus délicat pour les emprunts obligataires, pour le crédit-bail et pour les fonds propres (souvent par combinaison de plusieurs ressources).

L’emprunt bancaire peut être remboursé :

  • Par annuités constantes : C X t/1-1+t)-n = a
  • Par amortissement constant C/n = a
  • Ou à l’échéance. L’emprunt est remboursé à l’échéance. Ce mode de financement est un moyen de défiscalisation, notamment en cas d’investissement locatif.

C= Capital emprunté     t= Taux      a= Annuité      n= Nombre d’année

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